Chaque année, le 4 décembre, les Provençaux ressortent trois petites coupelles, un peu de coton et quelques grains de blé. On arrose, on patiente … et quelques jours plus tard, de jolies pousses vertes annoncent l’arrivée de Noël. Ce rituel, simple comme tout, traverse les générations et reste l’un des gestes les plus attendus des fêtes calendales. On dit même que si le blé pousse bien, l’année sera belle. Voilà de quoi donner envie de tenter l’expérience !
Une tradition bien plus ancienne qu’on ne le pense
Semer du blé début décembre, ce n’est pas qu’une jolie coutume : c’est un héritage très ancien. À l’origine, les Romains observaient la germination pour prédire la qualité des récoltes. Une bonne germination durant l’hiver augurait d’abondantes récoltes pour l’année suivante. La Provence a gardé ce geste et l’a mêlé aux traditions chrétiennes au fil du temps. Résultat : un petit rituel plein de charme qui marque officiellement l’entrée dans la période de Noël.

Et si les pousses sont belles, on dit ici :
« Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! »
autrement dit, quand le blé va bien, tout va bien !
Pourquoi continue-t-on cette tradition ?
Tradition profondément ancrée en Provence, le blé de la Sainte-Barbe est surtout un joli symbole d’espoir pour l’année à venir. On sème quelques grains le 4 décembre, on les regarde pousser pendant l’Avent et on dit que si le blé germe bien, l’année sera bonne. Un petit geste facile, presque ludique, qui traverse les générations et donne le coup d’envoi des fêtes de Noël en Provence.
Si vous demandez à un Provençal « pourquoi trois coupelles ? », il vous répondra sans hésiter : parce que cela représente la Sainte Trinité. Les trois coupelles, souvent disposées en triangle, renvoient aussi à la Foi, l’Espérance et la Charité. Ce trio est tellement important qu’on peut remplacer le blé par des pois chiches ou des lentilles … mais jamais changer le nombre de coupelles !
Comment faire germer son blé (et réussir à coup sûr) ?
Rien de plus simple !
On fait tremper les grains la veille dans un bol d’eau tiède. Le 4 décembre, on dépose du coton humide dans trois coupelles, on répartit les graines et on surveille l’humidité chaque jour. Placez le tout près d’une fenêtre, arrosez légèrement, et laissez la magie opérer. Au bout d’une dizaine de jours, les tiges deviennent bien vertes. Il suffit alors d’ajouter un petit ruban rouge et les coupelles sont prêtes à rejoindre la déco de Noël.

Une petite touche de nature au cœur des fêtes
Dans les familles provençales, les blés de la Sainte-Barbe décorent la table du Gros Souper le 24 décembre. Leur petite couleur printanière fait toujours son effet, surtout en plein hiver. Les coupelles restent ensuite près de la crèche jusqu’à l’Épiphanie, comme un lien entre les traditions d’antan et la magie des fêtes.

Que faire du blé après l’Épiphanie ?
Là encore, chacun a sa façon de prolonger la tradition. Certains plantent les pousses dans le jardin pour souhaiter une bonne année. D’autres les laissent sécher et les conservent dans un sachet porte-bonheur. Et dans quelques villages, on brûle les tiges avant d’en répandre les cendres dans les champs : un geste symbolique pour attirer la chance et protéger la maison.

Planter le blé de la Sainte-Barbe, c’est un peu comme allumer la première lumière de Noël en Provence. C’est simple, doux, joyeux, et ça met tout le monde dans l’ambiance des fêtes. Une tradition qui demande trois coupelles, une poignée de grains et juste assez de patience !
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